Une entreprise est un être vivant. Au quotidien, les co-acteurs et co-actrices Interaction la font grandir et évoluer. Créations d’agence pour un maillage de proximité, acquisitions, actualités de notre groupe, cet espace est ici pour vous informer à propos de la marque Interaction.
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Nuit du 12 au 13 novembre, 2h du matin, Atlantique Nord, au large du Cap Finistère.
Erwan Thibouméry avait préparé les voiles du trimaran Interaction pour la nuit. Des rafales de vent à 25 nœuds étaient prévues, le bateau était prêt à faire face. Erwan et Fabrice Payen, à moins de 500m l’un de l’autre, vivaient la course pleinement et échangeaient quelques mots à la VHF.
10 secondes. C’est le temps qu’il a fallu pour que la situation dérape.
Sans signe prémonitoire, le solent, une voile d’avant, s’arrache et se déchire sur toute sa hauteur. La voile se met en drapeau en tête de mât, à l’horizontale. « Elle frappait tout sur son passage », explique Erwan. « Elle risquait à tout moment de me fouetter une fois sur le pont, et de me blesser. »
Les écoutes volent et frappent dans les airs : Haubans et bas-haubans, antennes, tout y passe. Certaines vont même se coincer dans le safran et l’hydrogénérateur.
Et la situation empire rapidement. Le moteur s’étouffe. Les batteries ne chargent plus. Erwan passe deux heures au téléphone avec le mécanicien. Les manipulations s’enchainent. Rien n’y fait. Le moteur ne redémarrera jamais.
Plus d’électricité à bord. Erwan se retrouve sans pilote, sans électronique. Les dispositifs de repérage du bateau en mer sont hors-service. Le bateau est aveugle et invisible aux autres navires, extrêmement présents dans ce couloir de navigation commercial. Pire, les feux de navigation sont éteints. Le bateau risque une collision avec tout navire ne disposant pas de radar.
Et le vent progresse dans le même temps. Il passe à 30 nœuds, contrairement à ce qui était prévu.
SE PRÉPARER POUR REJOINDRE L’ESPAGNE
Erwan installe un déflecteur de radar de secours à l’extérieur du cockpit pour retrouver de la visibilité et de la sécurité. « 21h. Après dix-neuf heures de veille, je décide de dormir et en relation avec la direction de course, de détourner le bateau vers l’Espagne. »
Reprise de la route à 9h30. Erwan déploie 3 ris de Grand-Voile et la voile de tempête avant et avance à nouveau. Le GPS de secours est activé : objectif, le port de Vigo. « J’ai un seau à mes pieds. J’ai mis dedans un peu de nourriture pour tenir. Je sais que j’ai douze heures de navigation en face de moi, sans pouvoir lâcher la barre. » Et la mer se forme. Les vagues forment des creux de 5 mètres. Le vent forcit encore et passe les 40 nœuds.
« Treize heures plus tard, rincé et mouillé par la pluie qui me fouette, la visibilité est très mauvaise. Je sais que je suis proche de Vigo, moins de 10 milles de l’entrée de la baie. J’attends les secours en mer contactés par mon équipe. »
UN SAUVETAGE IMPOSSIBLE ?
Il faudra encore quatre heures pour que le bateau des secours ne retrouve Erwan grâce à une lampe installée dans la Grand-Voile. Et le vent n’en finit pas de se renforcer : 50 nœuds ! Les creux sont énormes. Erwan voit les secouristes mettre leur vie en danger à plusieurs reprises. Les tentatives de remorquages sont des échecs. Le bateau de sauvetage perd le trimaran de vue. Les minutes passent… Les heures… Et le trimaran dérive inexorablement vers des rochers.
4h15 : les amarres de remorquage rompent sous la charge. 2 winches sont arrachés. Les sauveteurs reçoivent l’ordre de quitter la zone pour se mettre en sécurité et ne pas se retrouver entrainés par le trimaran. Le canot s’éloigne et le trimaran percute un plateau rocheux. D’abord sur le flotteur bâbord, puis la coque centrale racle à son tour. Des vagues entières submergent tout le bateau. « Là, je sais que je suis en danger. Je risque de me faire emporter ou d’être blessé par une casse matérielle du bateau. D’autant que je vois l’eau monter dans la coque centrale.»
UNE LUMIERE DANS LE CIEL
Heureusement, une petite lueur dans le ciel apparaît : c’est l’hélicoptère puma de la base de sécurité maritime de La Corogne ! Il passe, illumine le pont et survole l’avant du bateau. Il est 4h45. « Je prends un mini sac, mon passeport et j’attrape le filin du sauveteur qui m’emporte avec lui dans l’hélicoptère. » Le vent a atteint alors les 60 nœuds. Plus de 100 km heure !
REMERCIEMENTS
« Je remercie l’exceptionnelle humanité de l’équipage de l’hélicoptère Puma et le bateau sauveteur des garde-côtes qui a tout tenté pendant des heures de lutte à mes côtés. Je remercie le comité de course de la Route du Rhum pour sa disponibilité et son soutien indéfectible ainsi que mon équipe qui a tout tenté d’organiser à terre, alors que les conditions météo interdisaient toute sortie de bateau.
Merci à Pierre Jan et Fabien Labrosse qui m’ont rejoint sur place et avec qui nous mettons tout en œuvre pour organiser une opération de sauvetage du trimaran qui s’annonce difficile.
Merci enfin à Jean-Paul B., toutes les équipes d’Interaction et Entrepreneurs pour la planète pour leur soutien au fil de ces événements. »
Loic Gallerand, Dirigeant-créateur du Groupe Interaction, s’est exprimé après qu’Erwan ait été mis en sécurité et pris en charge : « Nous admirons le courage dont il a fait preuve. L’ensemble des co-actrices et co-acteurs du Groupe Interaction sont, comme moi, soulagés de savoir Erwan en sécurité et en bonne santé après ces événements terribles. »